Lampe dyslexie et autre dispositif lumineux, les marketeurs s’en donnent à cœur joie pour vanter l’efficacité de ces dispositifs. Malheureusement pour les personnes dyslexiques, une étude menée par quatre scientifiques démontre leur totale inefficacité.
La dyslexie, un phénomène complexe
Lorsque j’ai contribué à la création du MOOC Dys, les publicités pour ces “découvertes extraordinaires”, pour des “dispositifs lumineux qui allaient mettre fin à la dyslexie” ont commencé à fleurir. Depuis, on ne compte plus les annonces pour ces dispositifs aussi variés que coûteux.
Ce qui m’a toujours fait douter de l’efficacité de cette lampe dyslexie, c’est la complexité de la dyslexie elle-même. C’est ce que rappellent les chercheurs dans la première partie de cette étude, publiée, excusez du peu, par la Royal Society, institut scientifique fondé en 1660 par l’architecte anglais Christopher Wren, bientôt rejoint par un certain Newton…
Les quatre auteurs de cette étude sont :
- Stanislas Dehaene, spécialiste reconnu des neurosciences cognitives, dont j’ai déjà signalé une initiative dans cet article ;
- Marie Lubineau, professeur à Paris Saclay, au Collège de France et au CERENE, à Paris, et qui interviendra lors de la Journée nationale des Dys, organisée par la FFDYS, le 14 octobre 2023 ;
- Cassandra Potier Watkins, elle aussi professeur à Paris Saclay et au Collège de France ;
- et enfin, Hervé Glasel qui travaille au CERENE, centre spécialisé dans la recherche neurocognitive.
Vous pouvez télécharger l’étude complète (en anglais) en cliquant sur le bouton ci-dessous :
La lampe pour dyslexie : pas de magie comme Aladin
Si la lampe d’Aladin contenait un génie capable d’exaucer ses vœux, on ne peut malheureusement pas en dire autant de la lampe dyslexie.
L’étude a porté sur 375 adultes ne présentant aucune dyslexie et sur deux groupes d’enfants dyslexiques, l’un de 20 membres, l’autre de 22.
Chez les adultes, le clignotement de la lampe ralentit la lecture et détériore même la détection de pseudo-mots…
Chez les enfants, les auteurs ne constatent aucune amélioration dans le groupe de 20 élèves.
Dans le groupe de 22 élèves, les auteurs ont également testé la lampe pour dyslexie Lexilight et les lunettes Lexilens, qui se révèlent tout aussi inefficaces.
Comme le rappellent les auteurs de l’étude, les créateurs de ces dispositifs se vantent de pouvoir aider 90 % des dyslexiques, mais sans se baser sur aucune preuve scientifique.
La seule magie qui opère dans cette malheureuse histoire, c’est celle du marketing, puisque cette lampe pour dyslexie connaît un franc succès commercial…
Hors lampe dyslexie, qu’est-ce que fonctionne ?
Pas grand-chose, malheureusement.
Les polices spécifiques comme OpenDyslexic ne semblent pas apporter d’amélioration à la lecture pour les dyslexiques (et encore moins pour les autres). La seule chose qui fonctionne et qu’on peut mesurer, c’est l’écartement des caractères.
Les liseuses électroniques, permettant d’écarter les caractères d’une même ligne, apportent une réelle amélioration de la lecture chez les personnes dyslexiques. L’écartement entre les lignes apporte lui aussi un confort supplémentaire, mais moins marqué que l’écartement des caractères.
L’utilisation d’ordinateurs ou de tablettes en classe peut, bien entendu, faciliter la vie des élèves Dys. Comme la mémoire de travail des personnes dyslexiques fonctionne moins bien, le microlearning, avec ses séquences courtes, s’avère tout indiqué. De même pour le TDA/H, y compris chez les adultes.
Lampe pour dyslexie ou stroboscope, la solution n’est pas technologique
La conclusion de tout ceci, c’est qu’il n’y a pas une solution unique, technologique ou non, pour aider les personnes dyslexiques.
Je crois que rien ne remplacera jamais une pédagogie inclusive, qui œuvre à l’accessibilité du savoir pour tous. C’était l’ambition du MOOC Dys de mettre ces méthodes et outils inclusifs à la portée de tous.
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