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Résolution de problème : pourquoi ça pose problème

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Résolution de problème ou “problem solving”, quel est le problème avec cette méthode si répandue tant dans nos entreprises que nos universités ? Coup de gueule et analyse.

Temps de lecture estimé : 5 minutes

La résolution de problème comme symptôme du solutionnisme

Le solutionnisme — explique l’essayiste Evgeny Morozov dans son livre Pour tout résoudre, cliquez ici — est un mythe. Celui qui veut que :

Pour tout problème, existe une solution d’ordre technologique. Chaque problème causé par la technologie, sera réglé par la technologie.

Si le solutionnisme est une panacée, la résolution de problème est un de ses chevaux de Troie. C’est vrai que la résolution de problème permet de comprendre d’où viennent les défaut d’une machine, d’un circuit ou d’une organisation.

Son utilisation en poupées russes — résoudre un problème global en le réduisant à divers sous-problèmes — facilite à la fois le diagnostic et l’application de — devinez quoi ? — Une solution ! Une solution technologique dans la grande majorité des cas.

La résolution de problème, c’est aussi le chouchou des soft skills, ces fameuses compétences transversales — en réalité t un mélange un peu nébuleux de compétences sociales et de comportements acceptables. Difficile de solliciter un emploi de cadre sans se heurter à ces soft skills et au problem solving (oui, en RH, on parle surtout le franglais, le français, c’est tellement ringard !).

En formation, c’est l’emploi (presque) exclusif de solutions technologiques pour augmenter, voire “booster” l’engagement de vos apprenants. Que ce soit un système de gamification, de quiz automatisés, d’intelligence artificielle, etc. Aucun système technologique, si bon soit-il, ne remplacera la qualité globale de votre formation :

  • qualité du contenu
  • qualité de la relation pédagogique
  • qualité de l’animation

Une vision du monde sans vision

La vision du monde de la résolution de problème est une vision fragmentée. Une vision qui considère chaque problème comme un isolat, comme quelque chose qui (dys-)fonctionne en toute autonomie, sans aucune relation avec le monde extérieur, proche ou éloigné.

La résolution de problème, c’est une approche de dépanneur : cela permet de réparer une machine à laver qui fonctionne mal. Cela ne permet pas de créer ou d’imaginer une nouvelle machine à laver qui réponde à de nouveaux besoins.

Ce n’est pas une approche qui encourage à la créativité. Elle se limite à réparer. Considérer le monde non pas comme un système, avec des relations, des boucles de rétroaction, des événements qui s’influencent mutuellement, amplifiant certains phénomènes, en réduisant d’autres. C’est une vision fragmentée, en silos.

Il n’y a plus de vision d’ensemble. Et surtout, il n’y a plus de perspective à long terme possible. C’est ce qu’on appelle le “travail en silos”, dans lequel chacun s’occupe de sa petite popote sans voir l’impact sur le voisin.

J’ai pu constater les dégâts de cette approche dans une entreprise où j’ai été invité comme consultant il y a quelques années. L’entreprise devait remettre un rapport mensuel. Celui-ci arrivait systématiquement en retard. Pourquoi ? Parce que chacun faisait sa part quand il en avait le temps, sans se soucier des autres services. Lorsque j’ai mis le doigt sur le problème, tous m’ont répondu :

Ce n’est pas la peine de communiquer, on sait tous ce que font les autres !

Merveilleux !

Sauf que quand je leur ai demandé de me décrire précisément les tâches des autres services, personne n’a pu me les décrire de façon satisfaisante.

Résolution de problème contre pensée systémique

Cette pensée en silos, en isolats autonome, néglige une dimension de plus en plus importante dans nos sociétés complexes : la dimension systémique.

Voici des exemples de structures en isolats, en réseau et en pensée systémique. Cliquez sur une image pour afficher la galerie.

Pour aborder des problèmes comme ceux qui nous font face actuellement — changement climatique, effondrement de la biodiversité, approvisionnement d’énergie, etc — c’est une pensée systémique dont nous avons besoin, pas de résolution de problème.

Nous ne pouvons plus examiner chaque facteur séparément, comme s’il existait seule comme une île, mais nous devons entreprendre de comprendre des systèmes complexes. Des systèmes dans lesquels de multiples facteurs s’influencent mutuellement, de manière positive ou négative. Des systèmes dans lesquels des boucles de rétroaction peuvent engendrer des effets multiplicateurs dont nous n’avons même pas idée. Des système comprenant des facteurs aux effets cumulatifs effrayants.

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