Le transfert de compétences : une modalité de formation que j’ai expérimentée lors d’une animation pour une institution pédagogique du Sud-Est parisien. Une méthode efficace, économe et avec un impact multiplicateur.
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Table des matières
Dans la formation multimodale, le transfert de compétence est un procédé peu utilisé. Cependant, c’est une modalité qui présente de nombreux avantages. C’est ce que je voudrais vous démontrer à travers cette étude de cas d’une formation hybride que j’ai animée il y a quelques années.
Étude de cas d’un transfert de compétences en formation hybride
Il s’agissait d’une commande d’un centre de formation international situé dans le Sud-Est parisien. L’objectif était de former des formateurs de FLE (français langue étrangère) à l’utilisation du design de la formation, à travers trois médias :
- les cartes mentales
- les infographies
- les vidéos d’animation
Les participants étaient au nombre de 36.
Articulation de la formation hybride
La proposition que j’ai soumise était une formation hybride. Elle s’articulait autour de projets en sous-groupes :
- Une première partie en ligne qui comprenait à la fois de la théorie sur le design et des exercices pratiques, notamment, du travail de préparation sur chaque projet.
- Une session d’une journée en présentiel, avec un dispositif de transfert de compétences
- Une troisième partie en ligne, finalisation puis évaluation des projets
Toute la partie en ligne se déroulait sur Moodle, à l’époque, je ne disposais pas encore de la plateforme CourseNetworking.
Présentiel avec transfert de compétences
Je ne vais pas m’attarder sur la partie en ligne qui précède la session en présentiel : je préfère me focaliser sur cette dernière, et surtout, sur le dispositif de délégation de compétences.
Le matin, nous avons commencé par un brise-glace. Il s’agit d’un exercice en sous-groupes, inspiré d’un jeu de Thiagi que j’ai modifié.
Ensuite, j’ai présenté différents concepts liés au design. Et comment ceux-ci se traduisent dans les trois médias que nous utilisons pour les trois projets.
Après la pause de midi, nous sommes entrés de plain-pied dans ce dispositif de transfert de compétences.
Comment former sérieusement 36 personnes à la fois ?
J’ai divisé les participants en 6 groupes de 6.
Et c’est là qu’intervient le dispositif de délégation des compétences :
- cinq groupes travaillent sur leur projet (deux sur l’infographie, deux sur la vidéo animée et un sur les cartes mentales)
- un groupe vient avec moi : pendant vingt minutes, je leur donne des instructions et des tuyaux pratiques pour améliorer leurs mindmaps. Il prennent des notes, posent des questions.
- au terme des vingt minutes, ce groupe a pour mission d’enseigner à l’autre groupe de “mindmappeurs” ce que je viens de leur enseigner
- je fais la même chose avec deux autres groupes pour l’infographie et la vidéo animée
Après cette phase, nous prenons une pause, avant d’enchaîner avec une autre forme de transfert des compétences : la supervision par les pairs.
Supervision par les pairs
Pour cette dernière partie du présentiel, j’ai conservé les six groupes avec ces consignes :
- Chaque groupe travaille sur son projet
- le formateur (moi) est à leur disposition pour toute question, mais :
- ils doivent d’abord poser cette question à un membre de leur groupe
- s’ils n’obtiennent pas de réponse satisfaisante, ils posent la question à l’autre groupe qui travaille sur le même média (carte mentale, infographie ou vidéo animée)
- enfin, s’ils n’ont toujours pas la réponse, ils peuvent me poser la question
Avantages de ce transfert de compétences
Quels sont les résultats positifs de cette délégation de responsabilités ?
Ils sont nombreux :
- Un gain de temps : si j’avais dû former chaque groupe individuellement, cela m’aurait pris deux fois plus de temps. Plus les groupes sont nombreux, plus le gain de temps est important
- un gain d’attention : lorsque j’ai annoncé à chacun des groupes qu’ils devraient enseigner à un autre groupe ce que j’allais leur expliquer, il y a eu une brusque montée d’adrénaline due au stress. Mais cela a surtout engendré une augmentation de l’attention : ils avaient tellement peur de perdre quelque chose et de faillir à leur mission !
- un gain de mémorisation : les groupes qui ont dû enseigner aux autres ont mémorisé intensément la matière de peur de ne pas réussir leur propre expérience d’enseignement. Les autres ont prêté un autre type d’attention que si j’avais été le formateur et les questions posées étaient aussi différentes.
- un niveau plus élevé de participation : chacun s’est senti investi d’un surcroît de responsabilité vis-à-vis de soi, mais aussi des autres
- Un niveau plus élevé de qualité : à la fin de la journée, j’ai été vraiment impressionné par la qualité des travaux (pas encore tout à fait terminés) des différents groupes. Le fait d’avoir travaillé ensemble, d’avoir supervisé le travail des uns et des autres, ils avaient acquis en très peu de temps des compétences qu’ils ne soupçonnaient même pas en entrant dans la salle
- une vitesse d’exécution accélérée : je ne m’attendais pas non plus à ce que les projets progressent si vite en une journée de présentiel.
En conclusion, j’ajouterai que ces améliorations sont dues au fait qu’avec ce transfert de compétences, il n’y avait pas un seul formateur. Une personne qui court comme un dératé pour tenter vainement de répondre à toute demande. Mais il y avait 37 formateurs potentiels qui ont démultiplié l’impact de cette formation.
Et vous, avez-vous déjà expérimenté ce type de transfert des compétences dans vos formations ?
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