Lorsqu’il réfléchissait à l’évolution des espèces, Charles Darwin a eu recours à un diagramme. Nous vous le présentons dans cet article.
Deuxième article de notre série sur la pensée visuelle, après celui sur la carte du Docteur Snow.
Le 27 décembre 1831, le jeune Charles Darwin embarque comme naturaliste sur le Beagle. Le navire a été affrété pour la deuxième mission cartographique et hydrographique en Terre de Feu du capitaine Fitzroy. Cette expédition devait durer deux ans : elle ne reviendra pas avant cinq ans.
Cinq ans pendant lesquels Darwin observe et étudie inlassablement tout ce qui lui tombe sous les yeux. Dans son livre Le Voyage du Beagle, publié en 1939, il décrit non seulement les étapes de son voyage, mais aussi les nombreuses observations qu’il a pu faire sur la flore, la faune et le sol de chaque lieu.
Sa prose n’est jamais sèche ou ampoulée malgré sa prodigieuse érudition. Il conserve une étonnante capacité d’émerveillement devant la beauté des paysages ou l’étrangeté de certains comportements animaux. Il se fait anthropologue aussi, rapportant avec un plaisir certain les coutumes locales ou les modes de vie de différents groupes. Il ne se met jamais en avant de manière avantageuse. Au contraire, il peut faire preuve d’autodérision, comme quand il raconte ses déboires avec les bolas lors de son séjour chez les gauchos en Uruguay.
Darwin est non seulement un des plus grands esprits scientifiques de son époque. C’est aussi un admirable écrivain, très agréable à lire.
Et pourtant !
Et pourtant, quand il veut décrire ses premières intuitions sur l’évolution des espèces, il utilise non pas la parole, mais un diagramme.
Ce diagramme de Darwin ne figure pas dans le Voyage du Beagle, pourtant publié en 1839. Darwin l’a esquissé sur un carnet en 1837, à peine débarqué de son voyage.
Sur cette page, il écrit d’abord “I think”, “Je pense”. Mais avant d’aller plus loin dans l’écriture, Darwin dessine un arbre de vie. Cet arbre décrit ce qu’il appelle alors la «transmutation des espèces»”, qu’il rebaptisera «évolution des espèces» dans un ouvrage célèbre publié plus de vingt ans plus tard.
Ce que je trouve fascinant, pour ma part, c’est que cet esprit scientifique, par ailleurs maître des mots ait dû recourir à un diagramme pour décrire sa pensée. L’idée était-elle trop révolutionnaire pour être exprimée par la parole ? Ou Darwin devait-il visualiser son idée avant de bien la saisir lui-même ?
Personnellement, je pencherais volontiers pour la seconde solution. J’ai souvent expérimenté le fait que des concepts complexes, difficiles à verbaliser, pouvaient être compris d’un regard à partir d’un graphique bien conçu.
Sur ces deux graphiques, Darwin n’a indiqué le nom d’aucune espèce. Ce n’est qu’en 1868 qu’il dessinera un arbre des espèces qui décrit l’évolution depuis les primates jusqu’à l’homme.
Darwin n’est pas le premier à utiliser la figure de l’arbre pour illustrer l’évolution d’un phénomène ou la hiérarchie entre les sciences. Le philosophe catalan Raymond Lulle bien avant lui a recouru à cette métaphore visuelle. Et après Darwin, une foule de scientifiques ont rénové ce graphique pour illustrer de nombreux concepts.
La semaine prochaine, je vous propose de suivre les voyages de Christophe Colomb avec une carte interactive.
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