Quelles sont les limites du microlearning ? Jusqu’ici, nous avons surtout parlé de ses avantages et de ses mérites, mais n’y a-t-il pas aussi des risques et des limites inhérents à cette méthode pédagogique ? C’est ce que j’analyse dans cet article.
Je ne sais pas si je dois insister lourdement sur ma conviction que le microlearning représente un des modes d’apprentissage de l’avenir. J’en ai déjà abondamment parlé, que ce soit dans notre livre bientôt réédité ou dans divers articles de ce blog.
Mais, la réalité et une récente discussion que j’ai eue avec Matthieu Thomas, CEO et co-fondateur de Cards Microlearning, m’ont convaincu de vous parler aussi des risques inhérent au microlearning.
Quels risques pour le microlearning ?
Pas de panique : vous ne risquez pas de voir votre smartphone se transformer en Alien. Ou votre cerveau se nécroser sous le bombardement d’ondes négatives émises par ledit appareil.
Non, les risques et les limites du microlearning sont plutôt liées aux pratiques et aux habitudes des formateurs.
Première limite du microlearning : l’obsession inflationniste
La devise du formateur inflationniste :
Pour ce type de formateur, il n’y en a jamais trop. Pour un module d’une semaine, ils conçoivent une quantité de contenu qui occuperait une armée pendant trois mois…
Je ne leur jette pas la pierre, Pierre : j’ai été un des leurs !
Plusieurs facteurs peuvent inciter un formateur à toujours en faire trop :
- la générosité : les bons formateurs sont des personnes qui aiment apprendre et transmettre ce qu’ils ont appris à d’autres ;
- la peur de ne pas en faire suffisamment : est-ce que ce que j’ai fait est suffisant ? Il me semble que ce serait mieux si j’ajoutais…
- la peur que le client n’en ai pas pour son argent : j’en repasse une couche, comme ça, on ne pourra rien me reprocher.
C’est humain, mais si ça contribue à l’infobésité, ça n’aide pas vraiment les apprenants à se concentrer sur l’essentiel.
Deuxième limite : l’obsession de la synthèse
Une autre limite du microlearning, est de croire qu’il suffit de comprimer de grosses masses d’informations en petites bouchées facilement assimilables, y compris par les enfants.
La devise du formateur synthétique :
Mais cette posture génère un certain nombre de problèmes :
- Le manque de respect de vos apprenants : ce n’est pas parce qu’ils sont idiots que vous leur proposez des contenus courts et ciblés, mais parce que les aléas de la vie moderne ne leur laissent pas le temps d’apprendre face à une infobésité délirante. Et que, contrairement à ce que pensent certains professionnels, la capacité d’attention des adultes est limitée.
- Le manque de respect de l’intégrité des données : un des cas les plus graves que j’ai vus était un dessin de l’encyclopédie Tout l’Univers dont les plus âgés d’entre nous se souviennent peut-être : l’illustration décrivait les parties du cerveau, mais il manquait juste le lobe pariétal ; oh, un détail, me direz-vous. Mais tout de même. Ce concept de l’intégrité des données, je l’ai lu pour la première fois dans un ouvrage d’Alberto Cairo, malheureusement jamais traduit en français. Il présentait cette intégrité des données comme un devoir de l’infographiste lorsqu’il doit décrire une réalité complexe. Je suis convaincu que ce devoir nous incombe à nous aussi, enseignants, formateurs, éducateurs… Nous devons nous assurer que nos cours et formations décrivent le réel avec le plus d’honnêteté possible, avec un maximum de précision, d’adéquation.
- Vous trompez le commanditaire sur les qualités de votre formation : il s’attend à une formation complète et non pas à une synthèse. C’est la différence entre un ouvrage original et ces opuscules du type “Résumé de…” vendus pour quelques euros et qui cassent le marché du livre (comme s’il avait besoin de ça…).
Et vous, quelles limites du microlearning avez-vous repérées ?
Cet article ne se voulait pas exhaustif, mais simplement voulait envisager avec humour quelques-unes des limites du microlearning. Qui sont plus liées à la culture pédagogique des formateurs et des enseignants qu’inhérents au microapprentissage lui-même.
Et vous ? Quelles sont les limites du microlearning que vous avez repérées ? Dites-nous tout dans les commentaires !
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