Que peut-on faire avec la Réalité virtuelle et augmentée en microlearning ? Est-il possible d’utiliser les technologies immersives dans des capsules si limitées dans le temps ? Et avec quel objectif ? C’est ce que je vais examiner avec vous dans cet article.
Les technologies immersives vont s’imposer dans nos formations dans un avenir tout proche. Parmi ces technologies, la Réalité virtuelle et augmentée peuvent aussi s’intégrer parfaitement dans un parcours de microlearning ou microapprentissage.
Petit rappel : quelle différence entre Réalité augmentée et Réalité virtuelle ?
Tout d’abord, rappelons la différence entre ces deux technologies :
- Réalité augmentée : dans cette technologie, des éléments virtuels (texte, image, vidéo, animation, infographie, etc.) viennent se superposer à l’environnement réel. Les accessoires permettent la vision de l’environnement réel et la perception des éléments virtuels en simultané.
- Réalité virtuelle : le participant est totalement immergé dans un environnement virtuel, coupé de l’environnement réel. Les accessoires isolent le participant de l’environnement réel.
Des objectifs pédagogiques différents pour des technologies différentes
Vous l’avez compris, ces deux technologies s’adressent à des objectifs pédagogiques différents.
Réalité augmentée : interactions avec le monde réel
Vous utiliserez la Réalité augmentée pour guider certaines interactions de vos apprenants avec des objets du monde réel :
- machines : fonctionnement, points d’attention, etc.
- outils : manipulation, sécurité, etc.
- parcours sécurisés : où marcher, comment ouvrir un sas, comment s’y retrouver dans un environnement étranger (ville, pays, jungle), etc.
- situations de crise : acquérir les réflexes, identifier les risques, etc.
Réalité virtuelle : expérimentation avec le monde virtuel
Vous utiliserez par contre la Réalité virtuelle pour expérimenter dans le monde virtuel, pour des simulations plus vraies que nature :
- visite virtuelle : lieu de travail, ateliers, salles de formation, etc.
- simulation d’accidents, de danger : prévention des chutes, des accidents avec certains matériels
- simulation d’interactions : avec les futurs collègues, avec des clients, des fournisseurs, etc.
- simulation de prise de parole : s’entraîner à parler en public devant des publics nombreux ou hostiles
- Body-Swap et empathie : pouvoir vivre des expériences dans le corps d’une autre personne (femme pour un homme, personne à mobilité réduite, etc.)
- évaluations virtuelles : un potentiel énorme d’évaluation sous forme de simulations dans un environnement virtuel, etc.
Activités de Réalité virtuelle et augmentée en microlearning
Dans le MOOC DIMPA, nous avons montré à quel point ces technologies deviennent accessibles. Alors qu’il y a seulement cinq ans, elles semblaient totalement hors de portée de main… et de budget !
Mais qu’en est-il avec le microlearning ?
Les technologies immersives se prêtent bien à la durée du microlearning. De plus, les experts ont observé un phénomène de contraction du temps en Réalité virtuelle. Les participants éprouvent une perception raccourcie du temps réellement écoulé…
Le haut degré d’interactivité de ces technologies combiné aux répétitions espacées assurent un taux élevé de rétention (mémorisation). On peut parler de formation expérientielle. L’idéal est de combiner ces expériences avec des activités de métacognition, comme le propose le modèle de Gilly Salmon :
- réflexion sur ce que j’ai appris : premier degré de métacognition sur les nouvelles notions et compétences acquises
- réflexion sur comment j’ai appris : deuxième degré de métacognition sur les stratégies d’apprentissage, seul ou en groupe
Onboarding ou accueil des nouveaux
L’accueil des nouveaux collaborateurs est une étape cruciale dans la vie de l’entreprise. Elle peut décider de l’intégration (ou non) des nouveaux personnels. Or, le recrutement coûte cher.
Pour cette étape, vous pouvez compter sur la Réalité virtuelle pour visiter vos futurs locaux depuis votre fauteuil préféré. Ou pour rencontrer vos futurs collègues, des clients potentiels, etc. Ces visites et rencontres peuvent s’effectuer sous forme de séquences courtes distribuées de façon quotidienne pendant une semaine ou deux.
Et sur la Réalité augmentée pour visiter réellement un poste de travail avec un apport virtuel d’informations textuelles, d’images ou d’objets en 3D, par exemple.
Accident ou situation de crise
C’est sans doute le secteur qui s’est le plus rapidement emparé de la Réalité virtuelle pour la formation. Simuler une chute depuis un échafaudage, un incendie dans un atelier, une explosion dans une raffinerie de pétrole ou encore une alerte chimique menaçant une ville voisine : autant de situations qu’un environnement virtuel peut reconstituer sans prise de risque pour les participants.
Le body-swap et le travail de l’empathie
Le « body-swap » est la faculté de « changer de corps », d’expérimenter ce que d’autres personnes vivent. J’ai eu l’occasion de tester un parcours dans la ville de Bruxelles en fauteuil roulant. C’était une expérience qui avait lieu lors d’un hackathon. Vous vous asseyez dans le fauteuil roulant, vous mettez le casque de Réalité virtuelle. Et vous déambulez dans Bruxelles. Ou plutôt, vous tentez de déambuler. Car tous les dix mètres un obstacle s’interpose entre vous et votre objectif :
- une bordure trop haute
- une porte trop étroite
- un escalier infranchissable
- un ascenseur en panne
- etc.
« Vivre » une expérience comme celle-là permet de prendre conscience de la réalité des personnes qu’aucun mot ou aucune image ne remplacera jamais. Yannig Raffenel en parle dans l’épisode un de notre podcast.
Une bonne idée quand on veut intégrer tout le monde sur le lieu de travail.
La réduction de taille pour explorer l’intérieur des matériels
Vous vous souvenez du film « Chérie, j’ai rétréci les gosses ? »
Rien de tel qu’un changement de taille pour redécouvrir notre quotidien, nous le « défamiliariser » comme disaient les formalistes russes.
La Réalité virtuelle permet ce « redimensionnement ». Et vos futurs employés pourront visiter l’intérieur de vos machines ou de vos matériels comme ils le feraient de locaux gigantesques, de labyrinthes inconnus. Le plaisir du dépaysement joint à celui de la découverte. Transformez le tout en escape game et vous tenez sans doute la recette d’un apprentissage réussi.
Évaluation par mise en situation et feedback
La Réalité virtuelle et augmentée n’ont pas encore révélé tout leur potentiel en matière d’évaluation. La Réalité augmentée peut être utilisée pour donner des instructions à un apprenti devant sa machine. Cette mise en situation peut constituer la base d’une évaluation.
De même, on peut scénariser une situation de crise avec la Réalité virtuelle et demander aux participants de prendre les meilleures décisions. On peut imaginer d’utiliser un scénario à branchements ou ramifications, comme dans H5P. Ou encore un escape game basé sur une visite virtuelle comme le proposera également H5P très bientôt.
Réalité virtuelle et augmentée en microlearning – un potentiel encore inexploité
Comme vous le voyez, les activités de Réalité virtuelle ou augmentée en microlearning n’en sont encore qu’à leurs débuts. Et le potentiel est énorme.
L’utilisation de technologies immersives, expérientielles, de simulations et de parcours guidés, etc. peut se faire sous forme de capsules distribuées régulièrement. On peut les entrecouper d’échanges entre participants ou de sessions de réflexions sur les apprentissages et sur les stratégies d’apprentissage (métacognition).
La limite est plutôt dans l’imagination des concepteurs.
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