Le titre de cet article peut vous paraître provocant. Il l’est.
Il n’est pas de moi. Et à l’origine, ce n’est pas un titre. C’est un conseil de Derek Yates, avec qui j’ai eu le bonheur de suivre une (trop) courte formation en Digital Marketing.
Son conseil est précieux non seulement en marketing digital, mais il vaut aussi pour tous les domaines dans lesquels vous devez entrer en phase avec votre public :
- Communication
- Journalisme
- Formation
- Gestion de projet
- Etc.
Soyez intéressé
Contrairement à ce que vous pourriez croire, ce n’est pas un conseil moral. Derek Yates n’est pas un prêtre, mais un marketeur…
Ce conseil est un conseil pragmatique.
Ce qu’il signifie, c’est que quand vous vous lancez dans un travail de cette nature, vous ne devez pas vous contenter d’être un spécialiste de votre domaine. Être le meilleur dans votre pré carré risque de vous faire passer à côté de l’opportunité de votre vie.
Derek nous a donné l’exemple de Michael Bierut, l’un des graphistes les plus célèbres au monde.
Dans son livre 79 short essays on Design, Michael Bierut raconte que pour une de ses premières commandes importantes, il s’est complètement vautré.
D’autres graphistes auraient tué pour avoir une telle commande : il s’agissait d’illustrer un livre sur l’album Einstein on the Beach de Philip Glass pour l’Académie de Musique de Chicago. Un ouvrage avec des textes de John Rockwell, critique musical du New York Times. Et une scénographie de Robert Wilson, scénographe chéri du public américain, pour l’événement de lancement. Le gratin de la culture musicale new-yorkaise…
Si Michael Bierut s’est planté, ce n’est pas par manque de compétences techniques ou de talent artistique.
Pourtant, un an plus tard, lorsqu’il s’est rendu à l’inauguration de ce livre et de l’anniversaire de l’album, il était tellement honteux qu’il aurait voulu entrer sous-terre.
Immergez-vous dans la culture de votre public
Quand il a confronté ses créations à la culture des gens qui se trouvaient dans la salle de soir-là, Michael Bierut a compris son erreur : il ne connaissait rien sur Philip Glass, sur Rockwell, le minimalisme était un courant dont il n’avait jamais entendu parler.
Il a commencé ses graphiques sur les photos. Mais, sans aller plus loin dans la signification de l’album, la vision de Philip Glass, le ton et la profondeur des articles de critique de Rockwell, la poésie spatiale des scénographies de Robert Wilson.
Il le dit lui-même :
” — Et assis, là, au milieu du public, complètement transporté, ça m’a paru une évidence : j’avais entièrement salopé ce catalogue. Vu en direct, le travail de Wilson était épique, miraculeux, hypnotique, transcendant. Mes stupides mises en page n’étaient rien de tel. Elles n’étaient même pas le pâle, faible écho de tout ça. Ce n’était ni plus ni moins qu’un tas de graphiques sans profondeur. Et le graphisme n’est jamais suffisant.”
Qu’un géant du secteur comme Michael Bierut se remette en question de cette façon devrait nous faire réfléchir, chacun à sa petite échelle.
Il poursuit :
” — Ce qui est génial avec le graphisme, c’est que c’est toujours lié à quelque chose d’autre. Au droit des affaires. Au football professionnel. A l’art. A la politique. A Robert Wilson. […] Pour moi, la conclusion est implacable : plus vous vous intéressez à des choses différentes, meilleur, vous serez dans votre travail”.
Je crois qu’on peut transposer cela à tout un ensemble d’activités professionnelles. Les meilleurs formateurs sont ceux qui peuvent sortir du cadre strict de leur discipline. Les bons journalistes sont capables d’écrire sur le foot ou sur la crise financière.
Et donc, je suis à 100 % d’accord avec l’auteur qui propose de lire des choses très éloignées de vos préoccupations professionnelles, de découvrir d’autres cultures, de voyager dans des endroits hors des sentiers battus.
Et surtout :
” — Tout n’est pas design. Mais le design touche à tout. Donc, rendez-vous service : soyez prêt à tout !”
Soyez prêt à tout : dans nos métiers, l’imprévu est souvent la règle. Aujourd’hui, je travaille pour un constructeur automobile, mais pour janvier, on me demande de créer une formation en cartes mentales pour des artistes canadiens. J’ai dû me baigner dans l’univers automobile alors que je n’ai plus de voiture depuis bientôt dix ans.
N’essayez pas d’être intéressants
Ça, c’est le gros morceau à avaler.
Comment attirer les gens vers vous sans être intéressant ?
En vous intéressant à eux !
C’est en comprenant bien votre public, en étant empathique, en vous glissant dans leurs chaussures (comme le dit si joliment l’expression anglaise) que vous risquez le mieux d’entrer en sympathie avec eux.
Que vous aurez le plus de chance qu’ils fasse appel à vous.
Que vous risquez de vous embarquer dans une aventure à long terme avec eux. Et non pas dans une action ponctuelle pour cause de bling-bling…
Bon travail 😎
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