Je lis souvent sur les Web des articles du genre : Présentiel contre e-Learning ou d’autres formulations similaires. Mais la formation en présentiel s’oppose-t-elle vraiment à la formation à distance. Personnellement j’ai une autre vision des choses que je vous expose dans cet article.
Je lis souvent des articles du genre opposition entre formation en ligne et formation en présentiel.
Comme si les deux modes de formation constituaient deux pôles antinomiques et irréconciliables.
Deux réalités pédagogiques non-seulement disjointes, mais que tout oppose.
Personnellement, je suis convaincu que cette représentation est totalement fausse et passe à côté de l’essentiel :
Le continuum de la formation
J’ai créé une infographie qui illustre ce que j’entends par là (cliquez sur l’image pour accéder à l’infographie interactive en plein écran – cliquez sur les images et les étiquettes bleues pour ouvrir la fenêtre d’explication de chaque item).
Ce que j’entends par « continuum », c’est que les méthodes ne sont pas opposées, mais disposées le long d’une matrice qui croise « plus de technologie / moins de technologie » et « présence / distance ».
Différentes façon de distribuer la formation
Le « présentiel pur » est celui qui utilise le moins de ressources technologiques et (presqu’)-uniquement le distanciel : c’est le modèle scolaire traditionnel – qui est pourtant moins pur qu’on le croit puisqu’il comporte des devoirs à faire à la maison et souvent, une communication avec les parents.
Le présentiel enrichi
Le présentiel enrichi utilise des ressources en ligne (sites web de référence, wiki, e-mail, etc.) mais tout cela est utilisé de manière ponctuelle : la formation n’est pas conçue comme une seule unité distribuée sur plusieurs modes, mais bien comme une formation en présentiel « opportuniste » puisqu’elle se sert des ressources distancielles qui l’intéresse. On parle dès lors d’utilisation de la technologie mais pas de technologie intégrée.
Le blended learning
Le blended learning ou formation mixte ou encore formation hybride est, au contraire, une formation conçue comme une seule entité mais distribuée selon des modes différents :
- une partie en présentiel enrichi
- une partie en ligne (accès à une plateforme d’e-learning)
- une classe virtuelle (vidéo-conférence, synchrone, avec ou sans rediffusion asynchrone)
- une partie en micro-learning
La classe virtuelle
La classe virtuelle est une vidéo-conférence qui utilise des outils de type pédagogique (tableau blanc, partage de documents, d’écran, de ressources numériques, etc.). Elle peut se dérouler uniquement en plénière (tous les participants assistent à tout en même temps) ou alterner des phases plénières avec des activités en sous-groupes. Une classe virtuelle bien faite donne un véritable sentiment de présence et est vécu par les participants comme du quasi-présentiel. La classe virtuelle peut être proposée seule ou comme partie intégrante d’une formation en e-learning ou en blended learning.
Le microlearning
Le microlearning ou formation basée sur une granularité très fine et des séquences très courtes proposées en fonction des besoins des apprenants. Ici aussi, ce mode de distribution peut être employé seul ou comme partie d’une formation plus large. Voir notre livre Former avec le Microlearning qui fait le point sur ce mode de distribution plus varié qu’on ne le croit généralement.
Tout cela n’est donc pas opposé, mais complémentaire.
Du présentiel pur au phygital
Aujourd’hui, nous disposons d’une batterie impressionnantes d’outils qui nous permettent de travailler à la fois dans le virtuel et le réel, le physique et le digital. Ces deux réalités s’interpénètrent tellement aujourd’hui qu’on parle de « phygital » : d’un monde à la fois physique et digital.
C’est frappant en réalité virtuelle où le participant se déplace physiquement dans un monde entièrement virtuel, fictif, mais que son cerveau perçoit comme réel.
Le phygital, l’avenir de la formation
Avec le phygital, le numérique et le réel s’interpénètrent pour former une nouvelle réalité alternative.
Une réalité alternative dans laquelle les apprenants peuvent expérimenter sans risque, s’essayer à des techniques qui, sans cela, s’avéreraient coûteuses, voire dangereuses. Par exemple, en formation de sécurité, on peut simuler des chutes ou des accidents industriels réalistes mais sans danger ni pour le stagiaire, ni pour son environnement.
On peut placer un apprenti aux commandes d’une machine industrielle sans immobiliser du matériel réel, sans engendrer de coûts liés aux « ratages », sans risque de casse…
Ces technologies sont accessibles tant en présentiel qu’en ligne – des plateformes de téléchargement de cours en réalité virtuelles se mettent désormais en place.
Elles rendront accentueront encore cette interpénétration entre « réel » et « virtuel », entre présentiel et distanciel. Pour une plus grande efficacité de la formation. Pour le plus grand bénéfice des apprenants, in fine.