Le BYOD – Bring Your Own Device – est une nouvelle tendance lourde du monde numérique. La traduction de cette expression est « Apportez votre propre appareil ». Les apprenants viennent donc avec leur appareil familier pour apprendre.
Dans l’article sur la formation innovante paru hier, je cite entre autres innovations, le BYOD. Cet acronyme constitue une nouvelle tendance lourde du monde numérique. Il consiste à proposer aux employés d’une entreprise ou aux participants d’une formation d’apporter leur propre appareil (BYOD = « Bring Your Own Device ») au lieu d’utiliser ceux de l’école, de l’entreprise ou du centre de formation.
Multiplicité des appareils et standardisation des applications
Tablettes Android, Windows et iPad. Ordinateurs portables Windows, Mac et Linux, avec toutes les variantes Ubuntu, Debian ou Mandrake. Smartphones iOS ou Android (la marque de Google aux noms de friandises hypercaloriques : Jelly Bean, Cream Sandwich et bientôt Lollypop ?).
Ce n’est pas une curiosité intellectuelle pour le BYOD qui m’a conduit à le pratiquer. C’est cette multiplicité des appareils qui m’a amené à me poser la question : comment puis-je continuer à donner des formations de mindmapping à des personnes qui ont tant de standards différents ?
La réponse était évidente : trouver une application qui puisse fonctionner sur tout !
XMind « tourne » sur tous les PC, mais sur aucune tablette. Mindomo s’est imposé après une étude comparative dont je publierai bientôt les résultats.
Je me suis rendu compte que Cerego pouvait m’apporter la même ubiquité pour ce qui concerne les flashcards. Et Hootsuite, mon gestionnaire de médias sociaux préféré, fonctionne également sur le Net, sur Android et sur iOS. L’application en ligne Trello correspond bien à mes besoin en matière de planification kanban et GTD.
Avec ces quatre applications je pouvais déjà couvrir un large champ de formations tant pour les entreprises que pour les particuliers, adultes ou adolescents.
Ces derniers sont particulièrement réceptifs aux concepts et aux pratiques du BYOD.
Les ados, adeptes naturels du BYOD
Le premier public avec lequel j’ai tenté une formation en BYOD, sont les adolescents. J’anime des ateliers « Apprendre à Apprendre » pour les étudiants du secondaire et pour les universitaires. Lors d’un atelier à Liège, en Belgique, je me suis trouvé face à des ordinateurs portables, des tablettes Android et quelques iPad.
Je pratiquais la partie Mindmapping sur les PC avec XMind et avec Mindomo sur les iPad et les tablettes Android. C’était l’horreur pour tout le monde, même si personne ne s’est plaint.
Mais je me vois encore courir de l’un à l’autre pour expliquer la nuance de commande entre le PC et l’iPad ; passant d’un logiciel à l’autre sur l’ordinateur et donc à l’écran sur lequel les participants suivaient le mouvement. A la fin de la journée, j’étais épuisé. Et je n’ai pas pu donner toute la matière prévue ce jour-là. Heureusement, les cours en ligne de mes formations hybrides ont permis de rattraper ce retard.
Mais je me suis promis de ne plus jamais connaître cette situation. Et donc, j’ai cherché une solution que j’ai trouvée et appliquée lors de l’atelier suivant, dans le même lieu, la semaine suivante.
Avec un peu d’appréhension, car je ne maîtrisais pas Mindomo comme je maîtrisais XMind après plusieurs années de pratique. Mais finalement, tout s’est bien passé.
Et les ados apprécient manifestement cette façon de travailler, eux qui « sont sur leur tablette ou leur PC toute la journée« , si on en croit leurs parents…
Les six avantages du BYOD en formation (et à l’école)
Les avantages du BYOD sont au moins au nombre de six. En fait, dans un bel exemple de sérendipité, je suis tombé sur un article d’e-learning industry que j’ai lu et relu. Et aux conclusions duquel j’ai confronté ma propre expérience.
Et je dois dire que j’arrive aux mêmes conclusions (cliquez une ou deux fois sur la carte pour l’agrandir) :
1. Il y a plus d’échanges entre les apprenants
Les apprenants sont familiarisés avec la technologie qu’ils utilisent : ils connaissent leur tablette, leur PC ou leur smartphone par coeur. Ils en connaissent les défauts comme les avantages. Ils surfent dessus à une vitesse surprenante.
Il n’y a donc aucun frein, aucune perte de temps liée à la découverte de l’appareil du prof ou du formateur. Ils peuvent se concentrer directement sur les contenus de l’apprentissage plutôt que sur le fonctionnement de la technologie… L’environnement technologique, familier, est rassurant.
Comme ils sont curieux de la technologie du voisin, ils échangent, ils s’interrogent. Mais aussi, ils s’entraident, se donnent des tuyaux. Chose qu’ils pourraient faire de façon beaucoup plus limitée avec un équipement qui ne leur appartient pas.
2. La pédagogie est plus centrée sur l’apprenant dans une formation BYOD
Tout part de l’apprenant et de son propre environnement technologique. C’est au professeur ou au formateur de s’adapter à la réalité technologique de l’apprenant et non l’inverse.
Cela suppose que l’enseignant ou formateur soit formé à l’usage de ces technologies. Cela ne veut pas dire qu’il doit être expert en tout, mais disposer d’une culture numérique suffisante pour s’adapter aux différents standards et d’y ajuster sa pédagogie.
3. Les participants sont plus actifs avec le BYOD
Ils maîtrisent leur technologie et ils sont en grande partie maître de la pédagogie appliquée : cela donne un taux de participation beaucoup plus élevé qu’avec un matériel fourni par le formateur.
Et cela se remarque aussi bien en présentiel qu’à distance : le jeune qui surfe sur sa tablette pour jouer ou chatter avec ses amis n’aura aucun mal à le faire pour répondre à des exercices ou pour chercher des ressources en ligne.
4. Le BYOD réduit les coûts d’achat, de maintenance et de fonctionnement
Comme les apprenants apportent leur propre appareils, l’école ou le centre de formation économise sur plusieurs postes liés au matériel :
- le coût d’achat : ce sont les participants qui achètent leur matériel ; le formateur ou l’enseignant doit vérifier qu’il dispose de connexions Internet stables et fiables
- le coût de maintenance : plus que l’achat du matériel, la maintenance grève rapidement les budgets scolaires. Un disque dur, un écran ou une souris à remplacer, un virus à nettoyer, tout cela coûte beaucoup plus cher en main d’oeuvre plus qu’en pièces de rechange
- le coût de fonctionnement : tablettes et smartphones consomment nettement moins qu’une ordinateur de bureau équipé. Souvent, ils sont déjà chargés « à fond » lorsque les participants arrivent. Et même si certains doivent rebrancher leur matériel en cours de journée, cela coûte nettement moins cher qu’une rangée de tours et d’écrans qui « sucent le jus » toute la journée, y compris pendant les exercices hors-ligne…
5. Le BYOD permet une pédagogie différenciée
Le BYOD offre aux participants l’opportunité de travailler à leur rythme. Ils peuvent également accéder à leurs ressources ou à leurs exercices partout et en tout temps.
Le BYOD permet une pédagogie plus différenciée : par exemple, dans mes groupes d’adolescents, j’ai souvent des participants qui présentent des troubles de type dys tels que dyslexie, dyspraxie, dysorthographie. Ces ados travaillent avec un matériel spécifique : tablette Windows Surface Pro équipée de logiciels comme Kurzweil 300, par exemple. Sans ce matériel adapté à leur situation, ils ne viendraient tout simplement pas à mes formations. De l’autre côté, j’alterne les séquences pédagogiques (courtes : 20 minutes en moyennes) théoriques et pratiques, en mettant l’accent sur des exercices pratiques, le learning by doing, etc.
6. Le BYOD incite à créer de nouvelles façons d’apprendre
La maîtrise technologique de leurs propres appareils incite les participants à « hacker » les logiciels ou les documents qui leur sont proposés. Par exemple, lors de mon dernier atelier à Bruxelles, j’ai demandé aux participants de se livrer à un exercice de communication non-verbale. Généralement, les apprenants s’en tirent en dessinant ou en mimant ce qu’ils veulent exprimer. Samedi dernier, une participante a trouvé une vidéo sur Youtube et l’a montrée aux autres. Elle a détourné la fonction première du clip vidéo à son avantage…
Le fait d’étudier avec le matériel des apprenants permet aussi de travailler par projets : ils sont entièrement focalisés sur les tâches et non pas sur le support technologique.
Tout est donc roses et violettes au pays du BYOD ?
Non, évidemment. La grande peur qui empêche les entreprises (dont les centres de formation) à passer à ce type de pratique, c’est évidemment la sécurité. Les entreprises craignent que leurs employés ne transmettent des données sensibles à travers leurs appareils. Qu’en est-il des mots de passe ? Ou des virus ?
Je n’ai pas ce type de problèmes, ou en modèle très réduit par rapport à une grande entreprise. En formation, j’utilise des applications Netware qui ne nécessitent pas de téléchargement. Je ne véhicule pas de données sensibles pendant les sessions de formation.
Lors des formations en ligne, j’utilise aussi des applications qui ne sont pas connectées à des données sensibles. Le risque est donc limité.
L’autre frein qui arrête beaucoup d’écoles ou de centres de formation est l’absence ou l’insuffisance de culture numérique des formateurs. Ceux-ci doivent se tenir informés de l’actualité des différents systèmes d’exploitation, des applications iOS ou Android qui dérivent des programmes en ligne ou sur PC, etc. Parfois, il faut chercher pour répondre à la question d’un participant. Mais là encore, le BYOD suscite la formation par les pairs et il n’est pas rare que la question, souvent spécifique au matériel, reçoive la réponse d’un autre participant qui possède le même.
Le formateur doit apprendre l’humilité : il ne sait pas tout. Il est l’expert en pédagogie, mais ne maîtrise sans doute pas les aspects techniques du matériel aussi bien que l’apprenant. C’est un renversement du rapport d’autorité qui ne va pas de soi pour tout le monde…
Conclusions
Le BYOD est sans doute une des composantes les plus intéressantes des technologies d’aujourd’hui. S’il exige une bonne culture numérique de la part des formateurs, il suscite des comportements actifs, d’échanges et de formation par les pairs qui sont non-négligeables.
La réduction des coûts de formation est un élément important à prendre en compte.
S’il permet une évolution de la pédagogie, en retour, il exige des formateurs et des enseignants de perdre une partie de leur rôle d’expert et d’accepter la « concurrence » des participants sur ce terrain.
Personnellement, c’est le mode d’application des technologies d’apprentissage que je préfère : c’est celui qui s’adapte le mieux aux besoins des apprenants. Et c’est déjà immense.
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